dimanche 25 juillet 2010

Réflexion sur l'éducation :: textes de Freinet


















 C'est temps ci ce n'est pas évident avec ma grande. Elle s'oppose beaucoup à nous et réagit face à ses petits frères et soeur. Elle préfèrerait être toute seule avec nous et fait preuve de jalousie et d'agressivité envers eux. Ça m'ouvre la porte à la réflexion et comme par magie je tombe sur ce petit billet sur le blog de La petite école d'Élina. Deux textes de Freinet qui font bien réfléchir, surtout en tant que maman de 4 enfants.

Avec sa permission, bien sur, voici les 2 textes en question: ...........

"La nature est ainsi faite : nul n'aime obéir passivement.

Quand, tout enfant, je suivais mon âne, il m'arrivait de vouloir le faire passer là où, on ne sait pourquoi, il n'acceptait pas d'aller. Je le tirais... je le tirais... Et plus je le tirais, plus il tirait en sens inverse. Je lâchais le licol, je passais par derrière, et v'lan ! à coups de bâtons !... L'âne démarrait, faisait quelques pas pour me laisser croire qu'il s'était rendu à mes raisons, puis, brusquement, repartait au galop dans la direction qui l'attirait.

On dit l'âne têtu... Le plus têtu est encore bien docile !

Essayez de pousser un chevreau dans un sentier ou dans un parc. La bête sent un danger, comme si elle était au bord d'un précipice. Plus vous poussez, plus elle réagit pour s'opposer à vos efforts. Cela fait partie de l'instinct de conservation et de défense des êtres animés.

L'homme ne fait pas exception. Il y a, certes, l'individu habitué au troupeau, plié à l'obéissance, domestiqué au point d'en avoir perdu cette réaction vitale qui est sa dignité.

Mais l'enfant est neuf encore. Il réagit comme le chevreau. S'il sent seulement que vous voulez l'orienter dans une certaine voie, son mouvement naturel est de foncer dans le sens opposé.

Si vos efforts, sont visibles, obstinés, si vous le tirez ou le poussez, il s'opposera jusqu'à la violence.

Si vous parvenez à le contraindre, par la force ou par la ruse.. il fera comme l'âne, il tournera bride à la première occasion.

Votre premier mouvement, quand quelqu'un vous pousse, n'est-il pas de résister à la pression et d'essayer de la vaincre ?

Le vieux pédagogue, le philosophe obstiné savent peut-être tout cela. Mais ils objectent : dans la vie on ne fait jamais ce qu'on veut... qu'ils apprennent d'abord à obéir !

Et ils ne se rendent pas compte que, ce faisant, ils sont aussi illogiques que le menuisier qui s’ obstinerait à travailler son bois à contre-fil, parce que c'est le bois, n'est-ce pas, qui doit se plier à la volonté de l'artisan, ou que le pâtre qui serait fier d'avoir habitué ses chevreaux à pénétrer passivement dans le parc sombre où le boucher viendra les choisir. "

Comprendre l'enfant dans son essence pour soi-même s'adapter à ses besoins.

Voici un second texte:



"Le jeune citadin voulait se rendre utile à la ferme où on l'hébergeait :

- Avant de mener le cheval aux champs, se dit-il, je vais le faire boire. Ce sera du temps de gagné. On sera tranquille pour la journée.

Mais, par exemple ! C'est le cheval qui commanderait, maintenant ? Comment ? Il se refuse à aller du côté de l'abreuvoir et n'a d'yeux et de désirs que pour le champ de luzerne proche

Depuis quand les bêtes commandent-elles ?

- Tu viendras boire, te dis-je !...

Et le campagnard novice tire sur la bride, puis va par derrière, et tape à bras raccourcis. Enfin !... La bête avance... Elle est au bord de l'abreuvoir...

- Il a peur, peut-être... Si je le caressais ?... Tu vois comme l'eau est claire ! Tiens ! Mouille-toi les naseaux... Comment ! Tu ne bois pas ?... Tiens !

Et l'homme enfonce brusquement les naseaux du cheval dans l'eau de l'abreuvoir.

- Tu vas boire, cette fois !

La bête renifle et souffle, mais ne boit pas.

Le paysan survient, ironique.

- Ah ! tu crois que ça se mène ainsi, un cheval ? C'est moins bête qu'un homme, sais-tu ? Il n'a pas soif... Tu le tuerais, mais il ne boira pas. Il fera semblant, peut-être ; mais l'eau qu'il aurait avalée, il te la dégorgera... Peine perdue, mon vieux !…

- Comment faire, alors ?

- On voit bien que tu n'es pas paysan ! Tu n'as pas compris que le cheval n'a pas soif en cette heure matinale, mais qu'il a besoin de bonne luzerne fraîche. Laisse-le manger son saoûl de luzerne. Après, il aura soif, et tu le verras galoper à l'abreuvoir. Il n'attendra pas que tu lui en donnes la permission. je te conseille même de ne pas trop te mettre en travers... Et quand il boira, tu pourras tirer sur la longe !

C'est ainsi qu'on se trompe toujours, quand on prétend changer l'ordre des choses, et vouloir faire boire qui n'a pas soif..."

Apprendre à respecter les besoins de l'enfant, aller à son rythme.
Ce texte m'éclaire aussi pour les apprentissages : le cheval qui veut de la luzerne avant de boire car son organisme est ainsi fait; l'attitude du jeune citadin ...
Je me dis que ces textes lumineux peuvent être lus aux enfants aussi et être le point de départ de discussion avec les un petit peu plus grands.

Ça porte à réflexion vous ne trouvez pas?

2 commentaires:

  1. Est-ce que tu as lu "Au nom de l'enfant, parent conscient enfant confiant" par Arnaud Riou? Je te le conseille, j'ai adoré et ça m'a fait beaucoup réfléchir!!

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  2. Non je ne l'ai pas lu! Merci pour l'information! Je vais le prendre lorsque j'irai chercher de nouveaux livres à la bibliothèques... d'autres suggestions?

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